Il est dix-sept heures. Il enfile un costume trop grand, noir devenu gris sous l’effet de l’usure du temps et du soleil pourtant timide ici. Ce n’est pas le sien, ni l’étoile, ni l’habit. Ils se le refilent, tout comme l’illusion d’une vie meilleure. Quand certains rentrent, lui prépare sa descente à la capitale française. Son quartier de prédilection : le 11ème arrondissement. C’est là que la générosité est la plus leste et la police la moins preste.
Son parcours commence à La Chapelle. Dans une arrière-boutique, il forme ce qui agrémente sa misère. Il pourrait au fond du métro vendre des fruits ou des jouets tonitruants comme des gyrophares mais il colporte des fleurs. Son gagne-pain : spéculer sur le romantisme légendaire des amoureux parisiens, s’immiscer dans les tête-à-tête, tendre une rose fermée comme les coeurs, sans épine ni odeur. En guise de réponse à ces offrandes à l’amour, il n’obtient souvent qu’indifférence et agacement dédaigneux.
Avancer dans la nuit, au gré des patrons de bar. Attendre la hausse d’ébriété qui délie les gestes d’attention. Lui, qui a fuit un grand amour illicite et n’a même pas laissé de fiancée arrangée au pays, connaît tous les codes amoureux des Parisiens. Les roses rouges pour les nouveaux couples, les blanches pour ceux qui feignent l’amitié.
Lui ce qu’il préfère vendre, ce sont les tresses de jasmin. La puissance animale qu’elles exhalent le transporte dans son pays, sur une peau et sur les marchés aux épices et aux fleurs de Dhaka. Sa mère y tenait un étal. Pour former des guirlandes, elle enfilait comme des perles, jasmins, tubéreuses, soucis dont les couleurs rivalisent de flamboyance avec celle du curcuma.
Lui est Bangladais, exilé, sans le statut de réfugié.
Lui porte bien son prénom : Yāsaman, cela veut dire jasmin en persan.
Pour créer Bangla Yāsaman, Isabelle Larignon joue de son métier d'illusionniste et construit sans une goutte d'absolu de jasmin naturel, un soliflore d'une incroyable réalité. L'accord jasmin est habillé d'épices et la facette céleri du cis-jamone est accentuée. Comme le curry et l'immortelle, l'essence de graine de céleri rappelle l'odeur chaude et sensuelle de la peau.
Comme un hybride de jasmin, le Bangla Yāsaman exhale les aspects fruités et animaux du Sambac, et les aspects verts et tabac du Grandiflorum. L'accord est adouci et réchauffé par le baume péruvien soutenu par l'absolu de vanille. La cardamome apporte fraîcheur et effets crémeux aux notes de tête. La fleur d'osmanthus soutient naturellement les notes cuirées et champêtres du paracrésol, tout en apportant le velouté de la peau d'abricot.
bergamote, bucchu, cardamome, citron, curcuma, petit grain d'orange amère, accord de jasmin, graine de céleri, osmanthus, safran, absolue de sauge sclarée, baume de sapin, indole, baume du Pérou, absolue de tabac, absolue de vanille
Isabelle Larignon
Alcohol Denat. (79% VOL.), Aqua (Water), Parfum (Fragrance), Limonene, Citrus Aurantium Bergamia Fruit Oil, Hexyl Cinnamal, Linalool, Tetramethyl Acetyloctahydronaphthalene, Linalyl Acetate, Benzyl Alcohol, Myroxylon Pereirae Oil/ Extract, Pinene, Benzyl Salicylate, Benzyl Benzoate, Vanillin, Benzyl Cinnamate, Alpha Terpineol, Citral, Hydroxycitronellal, Isoeugenyl Acetate, Geraniol, Farnesol, Beta-Caryophyllene, Geranyl Acetate, Rose Ketone-4, Terpinolene, L-Carvone, Juniperius Virginiana Oil, Pogostemon Cablin Oil
*Credits dernière photo: Manon Jalibert