Un jour, mon regard s'est posé sur des bustes de l'artiste Jon Rafman.
En les regardant, je me suis dit que j'aimerais bien avoir cette connaissance technique
travailler des matériaux comme le marbre ou le bois
pour faire ressortir des formes poétiques en volume.
Puis je me suis dit que quelque part, en tant que parfumeur, j'avais aussi sculpté la matière,
des matières volatiles qui sont des molécules odorantes.
Et ces formes invisibles à l'œil
mais perceptibles au nez,
sculptaient l'air, avec la peau comme stèle.
Je me suis alors dit que ce n'était pas si mal de sculpter l'air, l'espace.
C'est mouvant, vivant, unique, grâce à celui qui porte
la forme aérienne sculptée, à savoir le parfum.
Isabelle Larignon
Je n'aime pas me dire,
j'aime les interstices qui disent
sans qu'on ait à dire quoi que ce soit.
J'aime les histoires,
encore plus quand elles me racontent
et encore plus ceux qui les racontent.
J'aime le face à face avec les odeurs
parce qu'elles sont silencieuses
et que leur bavardage est ailleurs
dans l'indicible.
Je n'aime pas dire mes parfums,
ni ceux des autres.
J'aime raconter leur contour
par une toute autre histoire.